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Le calvaire ignoré des femmes violées au Congo

Publié le par Ma'Congolaise

Ne cherchez pas l'enfer dans quelques cratères rougeoyants, il se répand dans les collines verdoyantes et touffues des provinces du Kivu au Congo. Depuis quinze ans, milices armées et rebelles violent et pillent sans relâche, martyrisant les populations avec une cruauté qui dépasse l'entendement. Selon différents rapports, le nombre de victimes atteint le chiffre sidérant de 500 000 ! Face à ce désastre, les Casques bleus de l'Onu se montrent particulièrement impuissants.

« Je ne comprends pas l'indifférence de la communauté internationale à l'égard des Congolaises », se désolait Denis Mukwege, dans les colonnes du Monde. En treize ans, ce gynécologue a opéré plus de 40 000 femmes : des vagins lacérés, brûlés ; des seins coupés pour ne plus allaiter. Ces atrocités sont commises devant les maris et les enfants pour achever de détruire toute dignité humaine.

« Nés de serpents »

« Chaque guerre vise à réduire la démographie de l'ennemi, à briser sa structure sociale. Le viol, de ce point de vue, est d'une efficacité redoutable », poursuivait Denis Mukwege. En octobre, il a échappé à une tentative d'assassinat. On a voulu faire taire cet homme qui porte la voix des femmes jusque dans les instances internationales.

Pourtant, sa lutte est primordiale. La destruction des repères, liés au respect de la vie et de l'intégrité physique, pousse depuis quelque temps les civils eux-mêmes à se livrer au viol. « On a même vu des femmes forcer des hommes à avoir des rapports sexuels avec elles en les menaçant de les dénoncer comme violeurs s'ils refusaient », se désole Marie Jacob. Cette psychologue est en mission depuis un an pour Médecins sans frontières, dans la périphérie de Goma, dans le Nord Kivu. Quand on lui parle de viol, elle emploie deux mots : « Banalisation » et « systématisation ». Elle évoque « un climat de terreur », un système judiciaire « défaillant », une « mosaïque de petits conflits armés », une destruction du « vivre ensemble ».

Elle raconte le calvaire de cette femme violée, voici quelques semaines, en allant chercher du bois de chauffage. « Elle est venue rapidement consulter au centre de soins où je travaille, car elle était consciente des risques courus : grossesse, maladies sexuellement transmissibles... » Il y a deux ans, dans une autre région à Nyanzale, sa maison a été pillée, son mari assassiné sous ses yeux. « Les tueurs l'ont emmenée de force et violée plusieurs jours avant de l'abandonner... Durant la consultation, elle tenait un enfant sur ces genoux. Il est né de ce viol. »

Désormais, cette femme est condamnée à vivre seule, répudiée par la communauté. Quant aux enfants nés de viols, ils constituent un groupe à part, celui des « enfants serpents, nés de serpents ». Les atrocités commises engendrent de nouvelles souffrances pour cette génération à venir.

Philippe LEMOINE.

samedi 15 décembre 2012

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